Comme nous, nos compagnons, qu'ils soient chats ou chiens, ressentent la douleur. Mais faute de pouvoir nous la dire en paroles, ils l'expriment de façon plus ou moins claire. En particulier les chats, passés maîtres en matière de camouflage des douleurs chroniques. Tout bon maître doit savoir reconnaître la douleur, aiguë ou chronique, pour faire les premiers soins éventuels et soulager au plus vite, avec son vétérinaire, son animal de compagnie.
La douleur aiguë est souvent facile à identifier soit parce que le chien l'exprime de vive voix en hurlant, le chat en grondant fortement, soit parce que la cause est visible. C'est le cas lors d'une fracture, lorsque le chien boîte franchement, gémissant souvent de façon plaintive et lancinante. L'immobilisation du membre apportera un soulagement immédiat, surtout pour le transport jusqu'au vétérinaire.
Faute de paroles, c'est la modification des comportements de nos chiens et chats, qui traduit le plus souvent leur douleur. Mais il existe quelques cas très exceptionnels qui déclenchent chez le chat des miaulements de souffrance très rauques, à ne pas confondre avec ceux des chats ou chattes lors des chaleurs. Lorsqu'un chat se met à miauler comme un loup dans la nuit, ne tenant plus debout, sans forces, il peut s'agir d'une douleur extrême, comme celle provoquée par un caillot dans une artère. Il s'agit alors d'une urgence médicale vitale.
Ces plaintes vocales peuvent également intervenir la nuit, sans autres modifications de leurs comportements, suggérant d'autres dysfonctionnements, notamment des épisodes d'hypertension artérielle. Ne tardez pas à consulter votre vétérinaire lors de miaulements inhabituels de votre chat et faites régulièrement mesurer sa tension artérielle.
Lorsqu'un accident de la route frappe un animal, on est parfois étonné de ne voir aucune réaction ou une réaction modérée lorsqu'on manipule un membre fracturé. Cette absence de réaction de la part du chien ou du chat est liée à des lésions nerveuses, qui rendent le membre blessé insensible. La douleur est cependant bien réelle et doit être prise en charge rapidement.
À l'opposé, des altérations nerveuses peuvent provoquer une hypersensibilité à un geste qui, habituellement, n'engendre aucune douleur. Par exemple, une caresse sur le bas du dos peut être totalement insupportable pour un chat qui a eu un traumatisme nerveux ou souffre d'arthrose. Certaines zones cutanées peuvent devenir d'une sensibilité extrême. Le chat manifeste souvent sa douleur et son inconfort par une réaction agressive parfois violente, avec morsure, dont il faut comprendre la source.
La bonne gestion de la douleur repose sur une anticipation des actes qu'on sait douloureux ou peu agréables, comme p. ex., les prises de sang et les actes chirurgicaux. Comme chez l'enfant, on peut poser, préalablement à la prise de sang, un patch d'anesthésique local chez un chat un peu douillet. La perception de la douleur est une affaire individuelle et tous les animaux n'ont pas la même sensibilité, selon les races et les circonstances. Avec la douleur, ponctuelle comme lors d'une prise de sang, on peut jouer la diversion, en appelant le chien, lui montrant un jouet ou une friandise au moment où le vétérinaire réalise l'acte.
Lors d'actes chirurgicaux, la prise en charge de la douleur commence souvent avant même l'anesthésie, par anticipation. L'absence de douleur permet une convalescence beaucoup plus rapide et bien sûr beaucoup plus agréable ! Même un simple pansement provoque un inconfort tel chez la chatte que son taux de cortisol urinaire (qui permet d'évaluer objectivement son stress) grimpe de 200 %. Une bonne prise en charge aide l'animal à se réveiller d'un acte chirurgical sans souffrir et à manger de bon cœur. L'appétit et la bonne humeur sont les meilleurs indicateurs de l'absence de douleur.
La dentisterie a fait beaucoup de progrès en médecine vétérinaire ces vingt dernières années, avec des examens régulièrement pratiqués et pour lesquels l'anesthésie générale, adaptée à l'âge des patients, se justifie pleinement. Si chiens et chats ne souffrent quasiment jamais de caries, leurs dents sont, en revanche, amenées à se déchausser, à s'entartrer. Surtout leurs gencives présentent très souvent des inflammations accompagnées de douleur qui peut être responsable d'amaigrissement progressif, tout simplement parce que la mastication est rendue impossible par la douleur chronique. Passé les 10 ans (et même parfois avant), un examen dentaire, une fois par an, est une sage précaution, pour éviter des souffrances inutiles à son animal de compagnie. Comme en médecine humaine, les infections chroniques dentaires sont préjudiciables au bon fonctionnement des ligaments, jouant de mauvais tours aux articulations, une raison supplémentaire d'être vigilant sur l'hygiène dentaire.
C'est en matière de douleur chronique que chats et chiens bénéficient aujourd'hui des meilleurs soins. Il existe des grilles de douleur qui permettent une évaluation directe par le maître, la personne la mieux placée pour connaître son animal de compagnie, notamment pour détecter les signes d'arthrose. Chiens et chats ne réagissent pas de la même façon aux manifestations de l'arthrose. Chez le chien, la boiterie est fréquente. Il peut également rechigner à se promener, voire ne plus vouloir jouer.
Le chat arthrosique anticipe toujours la douleur que va générer tel ou tel mouvement. Soit il y renonce et reste au sol ou hésite longuement devant une marche d'escalier trop haute, soit il fait des étapes. Au lieu de monter d'un saut sur la table, il monte d'abord du sol sur la chaise, puis de la chaise sur la table. Il ne va plus dormir en rond, faute de souplesse. C'est souvent par une observation et un questionnement minutieux que le diagnostic d'arthrose et de douleur chronique est posé. La réponse thérapeutique à un antalgique permet un soulagement souvent rapide.
À côté des médicaments ou autres moyens qui soulagent la douleur, des aménagements de l'environnement de votre chat ou de votre chien permettent de lui faciliter la vie. P. ex., avec des petits plans inclinés, des bacs à litière pas trop hauts, etc.
Le léchage d'une zone, lorsqu'il devient intense et systématique, doit toujours alerter. Car s'il n'est souvent qu'une simple irritation, il peut également être le symptôme d'un inconfort (lors d'une allergie alimentaire, par exemple) voire d'un stress important avec les infestations par les puces. Enfin, il arrive que certains chats se lèchent en regard d'une douleur abdominale (comme un calcul dans la vessie), en indiquant de façon simple et visuelle l'endroit qui leur fait mal. Une consultation chez votre vétérinaire s'impose toujours dans ce cas.
En fin de vie, les soins palliatifs permettent d'offrir aux chats et aux chiens une qualité de vie à la maison digne de l'affection qu'ils nous ont témoignée. Mais pour autant qu'ils conservent une autonomie à laquelle ils sont très attachés. Une évaluation régulière est nécessaire pour adapter les traitements.
À chaque étape de leur vie, les maîtres peuvent aujourd'hui, avec l'aide de leur vétérinaire, assurer un confort de vie à leur compagnon, en l'absence de souffrances et douleurs.
De nombreux médicaments sont disponibles, par injection mais réservés aux animaux hospitalisés. Ou également à l'aide de gouttes et de comprimés dont l'appétence a été particulièrement étudiée pour le traitement longue durée à la maison. Un autre mode d'administration d'emploi très facile et d'efficacité rapide est celui d'un médicament liquide déposé sous la babine ou sur la langue.
Certains compléments alimentaires ou certains aliments diététiques, destinés aux affections inflammatoires chroniques, comme l'arthrose, permettent que le remède soit pris de bon cœur, régulièrement.
Enfin, les vétérinaires pratiquent de plus en plus la médecine intégrative, en proposant également à leurs clients et patients, quand c'est indiqué, une prise en charge par physiothérapie, phytothérapie, homéopathie, ostéopathie ou par acupuncture.
À éviter : Le paracétamol et l'aspirine sont toxiques pour nos animaux de compagnie.
La force de l'attachement qu'un animal éprouve pour son maître et/ou un autre animal de compagnie se manifeste parfois dramatiquement lors de l'hospitalisation ou du décès de celui-ci. Chats comme chiens ressentent d'une façon brutale le manque de la présence fraternelle et familière de leur compagnon et expriment souvent leur douleur émotionnelle par une baisse voire un manque total d'appétit.
Toute perte d'appétit de plus de 48 h, surtout sur un chat présentant de l'embonpoint, doit motiver une consultation vétérinaire, car le jeûne est toujours préjudiciable chez cette espèce. En cas de dépression avérée, des thérapies sont également possibles. La douleur émotionnelle de la perte d'un être cher s'exprime souvent par une perte d'appétit et d'activité, à ne pas négliger.
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