Les techniques d'imageries médicales


Application directe de la découverte des rayons x en 1895, la radiographie a été pendant un demi-siècle la seule technique d'imagerie médicale. Dès l'année 1970, de nouvelles techniques ont été développées:

L''échographie, le scanner ou tomodensitométrie (TDM), l'imagerie par résonance nucléaire rebaptisée imagerie par résonance magnétique (IRM), la scintigraphie, le scanner à émission de positons (pet scan).

 

La médecine vétérinaire bénéficie de certaines de ces techniques et il est donc intéressant de comprendre quels sont leurs avantages et inconvénients de façon à les utiliser à bon escient. Car selon les renseignements escomptés et la région anatomique examinée, la technique « la plus sophistiquée » n'est pas toujours la meilleure.

 

Les chiens et les chats qui doivent subir des examens approfondis bénéficient des mêmes techniques d'imagerie médicale que l'être humain. Il nous a semblé intéressant de vous présenter ces différentes techniques pour qu'en votre qualité de possesseurs, vous compreniez mieux le choix que le vétérinaire traitant sera amené à faire pour le bien de votre animal familier

La radiographie

Ses avantages

Les appareils de radiographie, qui utilise les rayons X, sont encore présents chez la majorité des vétérinaires, mais des mesures obligatoires et récentes de radioprotection auxquelles ne peuvent répondre toutes les structures amènent certains vétérinaires à supprimer leur installation. Un des grands avantages de la radiographie, sa disponibilité, risque donc de disparaître et ses examens seront sans doute de plus en plus réalisés dans les structures dédiées à l'imagerie, comme c'est le cas en médecine humaine. Pour l'instant, lorsqu'elle est disponible, elle est également rapide car réalisée et interprétée en consultation pour la majorité des examens, et peu onéreuse.

Procédé technique

La formation de l'image est obtenue par atténuation d'un faisceau de rayons X qui traversent l'organisme et vient impressionner l'émulsion argentique d'un film radiographique. Ceci aboutit à une représentation en deux dimensions d'une structure corporelle qui est en trois dimensions : les divers organes traversés sont donc superposés sur le cliché obtenu.

Radiographie de l'abdomen
Radiographie de l'abdomen

Inconvénients

L'inconvénient majeur de la radiographie et son faible pouvoir de résolution, c'est-à-dire son incapacité à distinguer des structures de densités proches. Elle ne distingue en effet que 5 densités. 1) celle de l'air (noir). 2) celle des métaux (très blancs). 3) en passant par le gris foncé de la graisse. 4) le gris clair des liquides et des tissus mous. 5) le gris-blanc des os. Elle ne permet donc pas de différencier deux organes de même densité située l'un contre l'autre. Ni de différencier le contenu du contenant dans le cas d'organes creux (cœur, rein, vessie, tube digestif).

Champs d'utilisation

Ses performances sont bonnes pour les régions du corps qui contienne des structures anatomiques de densité très différente (thorax) ou pour observer les os. Elles peuvent être augmentées par l'utilisation de produits de contraste (iodé ou baryté) qui sont introduits dans des cavités naturelles et permettent une différenciation contenu/contenant. La graisse, parfois abondante entre les organes abdominaux, se comporte comme un agent contrastant naturel et les examens radiographiques de l'abdomen des animaux gras apportent plus de renseignements que ceux des animaux maigres.

 

Compte tenu du développement des nouvelles techniques, la radiographie voit son champ d'application diminuer, mais elle demeure utilisable en première intention dans de nombreuses situations :

Identification et suivi des affections pulmonaires et osseuses. En particulier, car nos compagnons à 4 pattes ont la fâcheuse habitude d'ingérer des corps étrangers qui, surtout s'ils sont métalliques, sont très souvent identifiables sur une simple radiographie de l'abdomen.

L'échographie

Procédé technique

Les nouvelles techniques d'imagerie ont bien sûr pour but de pallier les insuffisances de la radiographie. L'échographie est une technique non invasive qui s'est rapidement avérée complémentaire de la radiographie. C'est une technique basée sur la réflexion des ultrasons par les organes et elle présente une innocuité totale à la fois pour le patient et l'opérateur, ce qui constitue un avantage indéniable sur les techniques rayons X (radiographie, scanner).

Ses avantages et les champs d'utilisation

Les indications majeures de l'échographie correspondent donc à l'étude des tissus mous et des milieux liquides : elle permet de faire la différence entre contenu et contenant que ce soit dans l'abdomen, le thorax ou l'œil. Tous les organes de l'abdomen, cavitaires ou non, peuvent être observés grâce à cette technique : tube digestif, appareil urinaire, foie, rate, utérus (diagnostic de gestation). Alors que la radiographie et le scanner ne supporte pas les mouvements du malade qui sont responsables de « flou cinétique » ou d'artefact de mouvement, l'échographie n'est pas gênée par les mouvements. Elle permet même l'étude d'organes en mouvement (cœur) et l'étude des mouvements de liquides corporels, en particulier du sang. L'observation des structures anatomiques cardiaques et des mouvements du sang dans le cœur et les gros vaisseaux (technique échographie doppler) a révolutionné l'identification et le suivi des maladies malformatives et des maladies cardiaques acquises (cardiomyopathies, insuffisances cardiaques). Le champ d'utilisation de l'échographie s'est élargi aux structures musculosquelettiques et articulaires.

Un autre avantage important de l'échographie, et la possibilité d'effectuer des prélèvements au niveau des lésions observées (biopsie échoguidée) et ainsi de participer à la détermination de la nature des lésions et donc d'aboutir à un diagnostic précis.

LE SCANNER

Scanner de l'abdomen
Scanner de l'abdomen

Procédé technique

Le scanner utilise les rayons X comme la radiographie « conventionnelle », mais la source de rayons tourne autour de la région du corps à étudier et l'atténuation du rayonnement ayant traversé le corps est recueillie et mesurée par des récepteurs électroniques. Ces mesures sont traitées en informatique pour donner une image numérique en noir et blanc de la tranche de corps traversé : il ne s'agit plus d'une image aplatie, mais il y a dé superpositions des structures anatomiques de la tranche.

Ses avantages

Cette capacité de dé superposition en a fait la première technique ayant permis d'observer le cerveau à l'intérieur de la boîte crânienne (1973).


Le scanner possède de plus un pouvoir de résolution beaucoup plus élevé que la radiographie. La multitude des teintes de gris visualisable entre le noir de l'air et le blanc des métaux autorise une différenciation des tissus mous et des liquides et même de tissus mous entre eux.

Champs d'utilisation

Les indications d'utilisation du scanner sont très nombreuses. Presque toutes les régions du corps peuvent être observées avec intérêt, son utilisation au niveau de la boîte crânienne a radicalement modifié le diagnostic des affections des cavités nasales. Chez le chien, les tumeurs nasales sont fréquentes et le scanner, en les localisant avec précision, permet maintenant d'orienter vers une thérapeutique adaptée à chaque cas. En médecine vétérinaire, c'est une technique remarquablement adaptée à l'étude des tumeurs, à la fois pour l'étude de la tumeur elle-même (appréciation des possibilités chirurgicales) mais également pour la recherche des métastases dans les ganglions ou dans des organes à distance.

L'utilisation du scanner connaît une limite :

L'obligation d'une anesthésie générale car plus encore que la radiographie conventionnelle la technique ne supporte pas les mouvements du patient.

L'imagerie par résonance magnétique (IRM)

L'imagerie par résonance magnétique possède une résolution encore plus importante que celle de la tomodensitométrie. Elle est particulièrement intéressante pour l'étude des lésions cérébrales et de la moelle épinière. Les tumeurs et les encéphalites sont visualisées avec plus de précision qu'au scanner. Les accidents vasculaires ischémiques, dont l'existence n'était pas unanimement reconnue, sont maintenant une réalité.

Elle est utilisable pour examiner pratiquement tous les organes. Mais sa disponibilité restreinte, la durée des examens qui doivent être effectués, sous anesthésie générale. Le coût des examens, conduisent à l'utiliser principalement pour les examens du cerveau et de la moelle épinière.

IRM du cerveau
IRM du cerveau

La scintigraphie

Une dernière technique d'imagerie est utilisée en médecine vétérinaire, c'est la scintigraphie. À la différence des autres modalités, il s'agit d'une imagerie fonctionnelle qui donne des images anatomiques peu précises, mais qui renseigne sur les capacités fonctionnelles par défaut ou par excès de certains organes et tissus. L'étude de quelques affections précises se développe actuellement :

Bilan lésionnel, lors d'hyperthyroïdies félines, recherche des insulinomes pancréatiques, recherche des métastases osseuses d'ostéosarcome, objectivation de l'existence de malformations vasculaires hépatique, évaluation de la fonction rénale.

CONCLUSION

Il apparaît que chaque technique a ses avantages et ses inconvénients, ses indications et ses contre-indications, que le choix d'un examen fait intervenir de nombreux facteurs (performances, disponibilité, coût, nécessité d'une anesthésie). Et que ce choix ne peut être fait qu'en fonction d'un examen clinique réalisé par votre vétérinaire. « Le plus » n'est pas toujours « le mieux » et il convie donc d'utiliser ces techniques à bon escient.


LEXIQUE

  • Produit baryté : produit qui contient de la baryte, minéral utilisé comme opacifiant.
  • Artefact : phénomène d'origine artificielle ou accidentelle rencontrée au cours d'une observation ou d'une expérience.
  • Ostéosarcome : tumeur maligne osseuse.